Est-ce que vous êtes là? J’veux dire, êtes-vous vraiment-là? Est-ce que vous appartenez? Seriez-vous prêts à vous battre pour votre famille, votre âme soeur, votre ville?
Aimez-vous votre quartier de la même manière qu’un homme peut aimer une femme?
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À l’aube de la troisième édition de la pièce de théâtre déambulatoire Ma Noranda, j’ai rencontré quelques-uns des 90 bénévoles qui font partie de la pièce. C’est beaucoup de monde ça. Ils font partie de la vie aussi. De l’expérience de la vie. De l’expérience de la pièce.
Deux heures avant la première, au sous-sol du P’tit Théâtre, ça grouillait. J’étais pas dans un marché d’épices en Inde ni dans le feu roulant de Beauce Carnaval un vendredi soir, mais j’avais quand même l’impression d’être dans un spaghetti meatballs avec une tranche de pain blanc pis une canne de liqueur.
Un kid à la chevelure bouclée m’informe que l’année passée, son rôle était de faire du vélo tantem habillé en Mexicain alors que cette année, il doit courir et se battre comme un superhéros. « Je suis un chat aussi par bout. » . Deux étudiants de l’UQAT me parlent de projections architecturales et de comment ils ont récupéré le projet d’un troisième avant son départ d’urgence pour la France. Un jeune homme vêtu de blanc avec la face de Braveheart. Une photographe. Une famille de chats. Une connaissance. Un ami.
Spaghetti…
Une femme joviale me dit et je cite : « Noranda c’est comme la rue Sainte-Catherine de l’Abitibi. » Immédiatement, j’me suis r’vu rouler en BIXI à la sortie des bars, descendre St-Denis et tourner à gauche après le pavillon catholique de l’UQAM. En train de zigzaguer, 30km/h, les lumières du Omer DeSerres, le Archambault avec sa promo du prochain has-been de Star Académie, le quartier gai remplis de straight, l’air chaud et humide qui goûte la sueur, esquiver une bataille, échapper son McDo, suivre un chat, l’odeur de mélasse, le Bain Mathieu, standing at the gates of Promenade Ontario, la guerre des friperies, le stade Zoolympique, mon voisin curry-coco…
J’m’égare.
La pièce commence dans deux heures. L’esprit d’famille est mentionné souvent. L’appartenance aussi. Le rôle des bénévoles marche les deux pieds dans même esprit d’bottine. Soudainement je l’sais plus si c’est un savoir. J’pourrais pas faire la différence entre un kid qui fait du vélo tandem et un acteur qui fait du vélo tandem. Surtout qu’ici, le décor est mon quartier.
Toujours confus entre une réplique et un réflexe. Pogné dans une zone grise de béton trottoir butch de cigarette boule de crème à glace fondue. Dans le confort de l’appartenance au quartier. Une redevance pour leurs personnalités bonbons mélangés. Une justice d’être.
Après la pièce, j’ai enfourché mon bike, tourner à gauche sur la Murdoch, les lumières de la caserne de pompiers, le Morasse avec sa promo poutine de Raoûl Duguay, l’air chaud et humide qui sent les potato frites, esquiver mon ex, échapper son Hot-Bat, suivre un chat, le goût de la fonderie, la guerre des crèmes molles, standing at the bridge of Hôtel Gouverneur, le lac Osisko, mes voisins citizens of the world.
Merci à toutes ces entités d’être et de jouer. Bénévoles, chats sauvages, rôdeurs et enfants perdus de Noranda.