Deux ans. Deux ans, maintenant. Juste deux ans et deux longues années… que je me suis dit : « j’aurais jamais dû dire jamais. » Jamais redevenir une… Abitibienne.
Moi, j’étudiais l’international, voyais si grand, si haut; jamais je ne reviendrais. Autant me couper les ailes, tuer dans l’œuf l’ambition, l’inspiration, la semence même de la vie de mon être tout entier. Mais me voici, ici, avec une plus grande vision que jamais, avec toujours des espoirs et des rêves… Rouyn-Noranda, tu m’as pas tuée, tu m’as vue naitre finalement.
Montréal, tu étais belle, tu me rendais folle… folle de divertissements, folle de découvertes, mais aussi folle d’ennui. Dans une tour à bureaux haute comme le ciel, mais où mes ambitions étaient basses comme le souterrain du métro… où moi je n’étais en fait que le modèle 1987 dynamique et souriant avec diplôme numéro 23 877. Rouyn, tu m’as rendu ma dignité, l’impression d’exister.
Deux ans depuis que je suis revenue par amour les bras liés. Prête à l’ennui le plus total, mais avec une promesse que ça n’allait pas durer. Esclave des méandres de la vie et de mon manque d’opportunités. C’est fou ce que l’Abitibi m’a apprise et m’a donné. C’est trop beau la liberté d’être maitre de son destin. C’est la chance insensée d’une existence de pouvoir modeler et créer et tout ça, ici on l’a. Et ici, on est une personne avec un nom puis un destin puis de l’amour… parce que même l’adjointe de l’adjointe a des talents cachés exploités, pis le soir elle chante pis nous on paye pour la voir pis c’est pas l’adjointe de l’adjointe, c’est une artiste extraordinaire.
Deux ans… deux ans que Rouyn, tu m’as donné le plus beau des cadeaux. Renouveler et découvrir des humains extraordinaires, passionnés, développeurs, éclatés qui définissent ton monde et le rendent plus grand, plus haut que ma tour à bureaux. C’est fou ce qu’on peut apprendre à devenir dans les heures qu’on ne passe pas dans le trafic et le métro, dans ses plus ou moins deux heures qu’on ajoute chaque jour à nos vies.
L’effervescence intense de la succession de bonnes idées a remplacé la promesse de l’ennui qui devait rapidement m’accabler. L’Abitibi, c’est être entouré, sollicité, intéressé.
C’est beau l’Abitibi, maudit que c’est beau. Au détour d’une rue, chez moi dans le champ, ça m’arrive souvent de juste m’arrêter pis c’est fou la sensation qui m’habite, l’âme de l’artiste esseulée que je ne suis pas s’en peut plus de juste regarder et d’être et de respirer. Maudit que c’est beau.
C’est beau Montréal, les immeubles centenaires, les gros arbres, les gens bien habillés, les rues grouillantes et bondées… c’est la vie. Montréal, tu m’as pas juste écrasée, je t’ai aussi tellement aimée. Tu as créé mon courage et surement, prochainement, je vais te retrouver avec tout ce que ma belle Abitibi m’aura donné. Mais en attendant, tu restes toujours à portée d’un roadtrip d’une dizaine d’albums ou à seulement quatre si c’est du Pink Floyd…