La phobie dans le python

La phobie dans le python

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Comme tout le monde, mes parents m’ont transmis plein de choses. Leurs valeurs, leur appétit pour les voyages, mais aussi quelques peurs, notamment leur peur bleue des serpents.

Imaginez, deux grands adultes qui crient en voyant une couleuvre! J’ai la phobie à la puissance 2 depuis qu’une couleuvre m’a passée sur les bottes de pluie et que mes parents, me tenant par la main parce que j’avais deux ans, étaient terrifiés!

Un soir banal, encore jeune enfant, j’écoutais les nouvelles tout bonnement avec mes parents. T’sais juste après le rituel de Watatatow.  Et là, la nouvelle qui m’a marqué au fer rouge pour le restant de mes jours :  on voyait des images d’un lit banal dans une chambre banale, d’un appartement d’un bloc appartements banal.

Rien ne laissait présager le pire. Dans le matelas, il y avait un trou sur le côté. La dame racontait son récit, la peur dans les yeux. Évidemment, je ne me rappelle plus du verbatim, mais ça sonnait comme : « J’étais couchée dans mon lit quand soudainement, j’ai sentie bouger quelque chose. Ça semblait être dans mon matelas. Je me suis levée et j’ai vu que quelque chose bougeait à l’intérieur de mon matelas.  » Ben savez-vous quoi? C’était un python! Un python dans son matelas tabarnak!

Il s’y était blotti à travers les ressorts pour être au chaud. Un de ses voisins l’avait perdu depuis quelques jours, sans avoir cru bon d’avertir les colocataires des appartements du bloc. Osti, j’ai 

capoté! Je m’étais dit : « Jamais je ne vivrai à Montréal! « . Mon père se souvient qu’on avait inspecté minutieusement mon matelas ce soir-là, même si j’avais compris qu’il n’y avait pas de danger, dans ma maison de campagne. J’ai sûrement ben mal dormi cette nuit-là aussi.

Quand j’étais adolescente, je songeais, comme la majorité des jeunes, à partir un été dans la vallée de l’Okanogan. J’ai rapidement changé d’idée quand un ami, fraîchement revenu, m’avait raconté qu’il se faisait réveiller par les coups de queues des serpents à sonnette contre la toile de sa tente! Osti, je vous le raconte et j’ai des frissons!

Encore? Il y a quelques années, alors que j’étais en colocation à Limoilou , je me suis fait réveiller un matin par un texto de ma coloc. Le message était un lien vers une nouvelle : « Un python en cavale dans Limoilou. »

Merci pour le réveil de marde la coloc. Je suis restée dans mon lit, même avec l’envie matinale de pipi.

Je me disais : avec mon karma de marde, c’est clair qu’il m’attend l’autre bord de la porte. Elle m’a récrit une grosse demi-heure plus tard pour me dire qu’ils l’avaient retrouvé. J’ai pu enfin sortir de mon lit…

Un jour, cette même coloc était au salon de coiffure, situé dans la Pyramide (Sainte-Foy), à deux pas du campus universitaire que je fréquentais. Assise dans la chaise en cuirette, vulnérable dans un orage avec tous ces morceaux d’aluminium, elle discute avec sa coiffeuse sur le fait que ça sent drôle dans l’immeuble. Comme une odeur de souffre. La coiffeuse lui confirme qu’ils sont justement en train de vérifier le système de ventilation, qui semble être la source du problème. Avez-vous deviné? Un python s’était échappé de l’animalerie au sous-sol, s’était logé dans les conduits et y était mort.

L’odeur était due à sa décomposition. Osti! Encore une fois, les employés de l’animalerie avait pas cru bon d’avertir les employés de l’immeuble de la présence d’un évadé. Pourquoi je vous parle de serpent? C’est que depuis deux jours, les nouvelles abondent : un python activement recherché dans Verdun, une peau de Boa retrouvée dans le Maine, une dame de Sherbrooke avec un petit serpent vert dans son ananas.

J’en feel mal! Je fais du camping dans le Maine pis j’en achète souvent des ananas entiers! Et même si je suis de retour en région, je me rends compte que je ne suis pas à l’abri. Au moins, les couleuvres, c’est des serpents inoffensifs, ça me console un peu (même si je cris et que je dors mal le soir quand j’en vois une).  Et même si j’habite en campagne, dans ma maison, je me suis renseignée;  mes voisins ne possèdent pas de python.

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Bianca Bédard

Bianca Bédard

Originaire de Sainte-Hélène de Mancebourg, Bianca a quitté la région en 2007 ne pensant jamais y revenir. Géographe de formation et voyageuse de passion, elle s’extase devant la beauté des paysages du monde entier. De retour depuis avril 2015, elle habite maintenant à deux pieds de l’Ontario.
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