J’adore mon métier. Je vis à Montréal depuis belle lurette, expatriée de ma campagne abitibienne depuis plus longtemps encore.
J’adore mon métier parce qu’à chaque jour que j’ai le privilège de faire ce que j’aime, je retourne chez-moi dans cet état d’esprit qui m’habitait lorsque j’étais haute comme 3 pommes.
C’est en été que tout se passe, lorsque les jours sont longs. Bien sûr comme tout n’est pas parfait, il me manque alors les longues minutes diurnes additionnelles du 48e parallèle alors que je vis maintenant au 45e. Mais qu’à cela ne tienne, je suis sous mes éléments et en bonne compagnie.
Je suis là à œuvrer méthodiquement. À donner satisfaction à mes clients et je me retrouve soudainement projetée dans le passé, voilà 40-45 ans.
Je me revois alors dans les champs à étudier les plants de fraises naissants, dans les boisés à cueillir des bleuets et des atocas, dans les ruisseaux à me faire des masques de boue, dans les bois à renifler le compost forestier qui fait son œuvre, sur un rocher à admirer les fleurs indigènes confortablement installées bien que précairement à mon œil d’enfant , à regarder le ciel pour le questionner sur le temps qu’il fera demain, à parler à ce bruant perché sur la branche, à chanter à tue-tête parce que je suis seule au monde.
Qu’il était bon ce temps passé dans mon habitat abitibien. Dans ce que j’appelle ma maison, dehors.
Je suis jardinier. À Montréal, mon chez-moi, dehors.
Et fière ambassadrice de ma terre natale, Cléricy